Étrange cérémonie que celle qui eut lieu à Paris, le 7 février 1951, en face du Louvre, dans l’Église de Saint-Germain L’Auxerrois.
Le bienheureux Jean XIII, alors nonce apostolique, bénit un des piliers de pierre où on a gravé onze lignes de lettres sur un carré de plus d'un mètre, à une bonne distance du sol afin de le mettre le texte le plus en évidence possible.
On peut y lire un texte énigmatique.
« Dans cette église, suivant le vœu de Willette, réalisé par Pierre Regnault, les artistes de Paris, en union avec leur camarade du monde entier, viennent depuis le mercredi des Cendres de l'an 1926 recevoir les cendres et prier pour ceux d'entre eux qui doivent mourir dans l'année ».
Willette (1957-1926) a eu du succès à son époque mais il reste à ce jour un artiste très controversé. Il a participé à la fondation, à la décoration et à l'animation du cabaret du Chat Noir de Montmartre où se retrouvent peintres et poètes. On lui connaît la fameuse enseigne de tolle dont il a fait le dessin.
À travers une œuvre qui prend le risque de choquer, il combat l’église des bourgeois et des bien-pensants, celle d’en haut, de la Basilique du Sacré-Cœur, et veut défendre celle d’en bas, où l’argent et le pouvoir « n’ont pas encore remplacé la fonction du cœur ». C'est un caricaturiste hors-pair, éditant avec de maigres ressources une revue, "Le Pierrot" dont il assure aussi bien les textes que les illustrations. Il dessine des figures pour le théâtre d'ombres du Chat Noir.
Dans une lettre à Jean Lorrain, il parle de : l'infamie de ce monstrueux Sacré-Coeur... Je déteste ce symbole de domination, d'orgueil et de vengeance... Plus de verdure.. les troupeaux de pèlerins laids et hébétés, et des prêtres, et des religieuses... Tous ces gens viennent pour adorer le laid. Ce sont des vilains vilains"
Aussi a-t-il voulu, peu de temps avant sa mort, que tous les artistes puissent se retrouver afin de se rappeler « qu’ils sont encore des hommes ! » c'est-à-dire engagés par tout leur art au service de l’aventure humaine, si fragile, si belle.
Les cendres reçues sur le front en sont le signe simple et direct.
Willette est mort quelques jours avant la réalisation de son vœu célébré désormais chaque année, exactement comme il l’a voulu, avec la lecture de sa prière : « …ceux-là, Seigneur, te saluent avant de mourir ! Nous, les artistes dans l'arène ténébreuse, à la lueur des armes que tu nous as données… »
Le poète Apollinaire a écrit que l’on devrait donner le Prix Nobel de la Paix à ce créateur « qui a fait presque autant de dessins contre la guerre que contre l'hypocrisie de ceux qui détestent la beauté ».
Le bienheureux Jean XIII, alors nonce apostolique, bénit un des piliers de pierre où on a gravé onze lignes de lettres sur un carré de plus d'un mètre, à une bonne distance du sol afin de le mettre le texte le plus en évidence possible.
On peut y lire un texte énigmatique.
« Dans cette église, suivant le vœu de Willette, réalisé par Pierre Regnault, les artistes de Paris, en union avec leur camarade du monde entier, viennent depuis le mercredi des Cendres de l'an 1926 recevoir les cendres et prier pour ceux d'entre eux qui doivent mourir dans l'année ».
Willette (1957-1926) a eu du succès à son époque mais il reste à ce jour un artiste très controversé. Il a participé à la fondation, à la décoration et à l'animation du cabaret du Chat Noir de Montmartre où se retrouvent peintres et poètes. On lui connaît la fameuse enseigne de tolle dont il a fait le dessin.
À travers une œuvre qui prend le risque de choquer, il combat l’église des bourgeois et des bien-pensants, celle d’en haut, de la Basilique du Sacré-Cœur, et veut défendre celle d’en bas, où l’argent et le pouvoir « n’ont pas encore remplacé la fonction du cœur ». C'est un caricaturiste hors-pair, éditant avec de maigres ressources une revue, "Le Pierrot" dont il assure aussi bien les textes que les illustrations. Il dessine des figures pour le théâtre d'ombres du Chat Noir.
Dans une lettre à Jean Lorrain, il parle de : l'infamie de ce monstrueux Sacré-Coeur... Je déteste ce symbole de domination, d'orgueil et de vengeance... Plus de verdure.. les troupeaux de pèlerins laids et hébétés, et des prêtres, et des religieuses... Tous ces gens viennent pour adorer le laid. Ce sont des vilains vilains"
Aussi a-t-il voulu, peu de temps avant sa mort, que tous les artistes puissent se retrouver afin de se rappeler « qu’ils sont encore des hommes ! » c'est-à-dire engagés par tout leur art au service de l’aventure humaine, si fragile, si belle.
Les cendres reçues sur le front en sont le signe simple et direct.
Willette est mort quelques jours avant la réalisation de son vœu célébré désormais chaque année, exactement comme il l’a voulu, avec la lecture de sa prière : « …ceux-là, Seigneur, te saluent avant de mourir ! Nous, les artistes dans l'arène ténébreuse, à la lueur des armes que tu nous as données… »
Le poète Apollinaire a écrit que l’on devrait donner le Prix Nobel de la Paix à ce créateur « qui a fait presque autant de dessins contre la guerre que contre l'hypocrisie de ceux qui détestent la beauté ».